Étiquette : sénothérapeutiques

Rôle des macrophages sénescents dans la progression tumorale et les opportunités de traitement

Les macrophages, cellules cruciales du système immunitaire inné, jouent un rôle fondamental dans le maintien et la régénération des tissus de l’organisme. Ils peuvent adopter différents comportements en fonction des circonstances, généralement divisés en macrophages M1, pro-inflammatoires et agressifs, et macrophages M2, anti-inflammatoires et axés sur la maintenance des tissus. Cette distinction est particulièrement pertinente dans le contexte des tissus âgés, endommagés ou cancéreux. Les cancers ont la capacité de reprogrammer les cellules immunitaires pour favoriser leur propre croissance, et les macrophages présents dans les tissus tumoraux, appelés macrophages associés aux tumeurs, sont au cœur de ce processus.

Dans un article de recherche récent, les auteurs explorent l’importance de la sénescence cellulaire des macrophages associés aux tumeurs dans l’accélération de la croissance tumorale. Bien que la sénescence cellulaire dans les tissus normaux soit souvent bénéfique pour la régénération après une blessure, les macrophages sénescents dans le microenvironnement tumoral favorisent en réalité la progression tumorale. En effet, les tumeurs évoluent pour encourager la sénescence des macrophages, ce qui soutient la réplication incontrôlée des cellules tumorales.

La communauté scientifique s’intéresse de près à l’application des sénothérapeutiques dans le traitement du cancer. De nombreux médicaments chimiothérapeutiques qui ont connu du succès par le passé se révèlent être sénothérapeutiques à la lumière des connaissances récentes. Leur capacité à détruire les cellules sénescentes ou à modifier leur comportement explique leur efficacité. Parallèlement, les chercheurs s’efforcent de manipuler les macrophages associés aux tumeurs pour rendre les tumeurs moins agressives, par exemple en incitant les macrophages M2 à adopter un état M1, afin de favoriser l’attaque des cellules cancéreuses plutôt que leur soutien.

Les macrophages jouent des rôles critiques dans le microenvironnement tumoral (TME), où leur plasticité et leur adaptabilité influencent la progression tumorale. Les macrophages M1, généralement présents dans les tissus sains, sont remplacés dans le TME par des macrophages M2, qui facilitent la progression tumorale par le remodelage de la matrice extracellulaire, l’angiogenèse et l’immunosuppression. Ainsi, les macrophages associés aux tumeurs sont centraux dans la promotion de la croissance, de l’invasion et de la métastase tumorale.

La sénescence cellulaire, initialement considérée comme un mécanisme de suppression tumorale, s’avère paradoxalement promouvoir la progression tumorale, notamment par le biais des macrophages sénescents. Ces cellules, après exposition à des stimuli spécifiques, subissent un vieillissement cellulaire, se caractérisant par l’activation de marqueurs comme p16INK4a et le développement d’un phénotype sécréteur associé à la sénescence (SASP). Les macrophages sénescents manifestent des déficiences fonctionnelles, telles qu’une inflammation chronique et une présentation d’antigènes diminuée, contribuant à un environnement immunosuppresseur propice à la croissance tumorale.

Le SASP, qui comprend des cytokines, des chimiokines et des facteurs de croissance, perturbe l’environnement immunitaire et favorise la tumorigenèse. En particulier, l’IL-6 est un facteur clé du SASP qui contribue à un milieu pro-inflammatoire et pro-tumoral. Des preuves émergentes soulignent que les macrophages sénescents aggravent la progression tumorale par la sécrétion de SASP et la dysrégulation immunitaire. Cela souligne l’importance de comprendre les mécanismes sous-jacents. Les stratégies thérapeutiques ciblant les macrophages sénescents, telles que les sénolytiques, sénomorphiques et les immunothérapies, notamment les cellules T à récepteur antigénique chimérique (CAR-T), offrent des pistes prometteuses pour stopper la croissance tumorale et inverser les effets nocifs du TME vieillissant. Les recherches futures devraient se concentrer sur l’optimisation de ces traitements et sur l’éclaircissement des interactions entre macrophages sénescents et cellules tumorales pour améliorer les résultats cliniques. Source : https://www.fightaging.org/archives/2025/08/senescent-macrophages-accelerate-tumor-growth/

Rapport Annuel 2024 sur l’Investissement dans la Longévité

Le rapport annuel sur l’investissement dans le secteur de la longévité de 2024, publié par Longevity.Technology, révèle une dynamique positive avec un financement total atteignant 8,49 milliards USD, répartis sur 331 transactions. Ce rapport examine l’évolution des investissements dans les technologies visant à prolonger la vie en bonne santé, en segmentant l’industrie en 25 domaines variés tels que les sénothérapeutiques, la longévité reproductive et la reprogrammation cellulaire partielle. L’analyse montre une reprise marquée par rapport à la baisse de 2023, avec 3,74 milliards USD levés au premier trimestre et une tendance à la hausse se poursuivant jusqu’au quatrième trimestre, qui s’est clos à 1,75 milliard USD. Les investissements en capital-risque à un stade avancé ont représenté environ un tiers de l’ensemble des financements, avec les États-Unis dominant le paysage de l’innovation dans la longévité, abritant 57 % des entreprises et représentant 84 % du volume total des transactions. Les technologies de plateforme ont particulièrement attiré l’attention des investisseurs, avec plus de 2 milliards USD investis dans des plateformes de découverte de longévité, soulignant un pivot stratégique vers des outils fondamentaux soutenant la découverte thérapeutique. Les temps forts de l’investissement en biotechnologie de longévité en 2024 incluent des introductions en bourse pour BioAge Labs et Jupiter Neurosciences, ainsi que des financements significatifs pour des startups comme Rubedo Life Sciences et Loyal. Les applications de longévité pour les consommateurs ont également suscité un vif intérêt, illustré par un financement de 200 millions USD pour la société ŌURA. Malgré la croissance de l’activité d’investissement, celle-ci reste inférieure au capital nécessaire pour s’attaquer aux maladies liées au vieillissement, avec des dépenses de santé aux États-Unis atteignant 4,9 billions USD. La plupart de ces dépenses sont consacrées aux maladies chroniques, représentant un fardeau financier croissant pour toutes les sociétés développées. Le rapport souligne que bien que l’activité d’investissement soit en hausse, l’opportunité de développer des thérapies anti-vieillissement demeure largement inexploitée. En conclusion, le rapport présente une vision optimiste du secteur, avec des indications de confiance croissante des investisseurs et une approche de marché plus sélective et mature. Source : https://www.lifespan.io/news/longevity-investment-more-than-doubled-to-8-5bn-in-2024/?utm_source=rss&utm_medium=rss&utm_campaign=longevity-investment-more-than-doubled-to-8-5bn-in-2024

Les Propriétés Sénomorphiques de l’Apigénine : Une Promesse pour le Traitement du Vieillissement et du Cancer

Le dépistage d’une bibliothèque de composés naturels a révélé les propriétés sénomorphiques de l’apigénine, un flavonoïde naturel. Ce composé a montré des effets de rajeunissement sur de nombreuses caractéristiques moléculaires associées au vieillissement ainsi que sur les performances physiques et cognitives, et a également un impact bénéfique sur le traitement du cancer chez les souris et les cellules. Les sénothérapeutiques, agents thérapeutiques démontrant des bénéfices pour la santé et la longévité, se divisent en sénolytiques, qui éliminent les cellules sénescentes, et sénomorphiques, qui suppriment le phénotype sécrétoire associé à la sénescence (SASP) des cellules sénescentes. Les auteurs de l’étude soulignent l’inefficacité de l’actuelle pipeline de développement de médicaments et suggèrent que le repositionnement de médicaments pourrait être une stratégie efficace pour surmonter certains problèmes de développement de médicaments. Dans leur recherche de candidats au repositionnement, ils ont testé 66 agents médicinaux naturels dérivés de plantes et de microbes sur des cellules stromales prostatiques humaines primaires induites à devenir sénescentes. Bien que l’écran n’ait pas identifié de nouveaux sénolytiques, il a révélé des agents sénomorphiques potentiels, dont l’apigénine. Ce flavonoïde, présent dans divers fruits et légumes, possède des propriétés antioxydantes, anti-inflammatoires, antivirales et anticancéreuses. Les recherches ont montré que l’apigénine réduit les cytokines pro-inflammatoires et d’autres facteurs du SASP, sans affecter les biomarqueurs de la sénescence. En approfondissant les mécanismes moléculaires, les chercheurs ont découvert qu’elle interférerait avec les voies moléculaires dans les cellules sénescentes, notamment en ciblant la protéine HSPA8, impliquée dans l’autophagie et le maintien de l’homéostasie protéique. Ils ont également identifié la protéine PRDX6 comme un autre cible potentielle de l’apigénine, qui pourrait bloquer l’activité de la phospholipase A2 (PLA2) et réduire la réponse inflammatoire. En outre, l’apigénine a montré des effets prometteurs dans le contexte du cancer, en inhibant la progression tumorale et en augmentant l’efficacité des traitements de chimiothérapie. Des études sur des souris ont révélé que l’apigénine pouvait réduire la taille des tumeurs et améliorer la réponse des cellules cancéreuses aux agents chimiothérapeutiques. Enfin, l’apigénine a démontré des effets rajeunissants sur des souris vieillissantes prématurément, améliorant des caractéristiques associées au vieillissement et inversant certains dommages cognitifs, sans montrer de cytotoxicité sévère. Ces résultats soulignent le potentiel de l’apigénine en tant qu’agent sénothérapeutique à la fois pour atténuer les conditions liées à l’âge et pour améliorer l’efficacité des traitements anticancéreux, bien que des tests supplémentaires sur l’homme soient nécessaires. Source : https://www.lifespan.io/news/how-apigenin-may-reduce-senescence-and-cancer/?utm_source=rss&utm_medium=rss&utm_campaign=how-apigenin-may-reduce-senescence-and-cancer

Rapport annuel 2024 sur l’investissement dans la longévité : Une dynamique de marché en évolution et des investissements en forte croissance

Le rapport annuel sur l’investissement dans la longévité de 2024 révèle une dynamique de marché en évolution, avec un investissement total atteignant 8,49 milliards de dollars à travers 325 transactions, soit plus du double par rapport à 2023. Contrairement à l’année précédente marquée par une contraction économique et un certain degré de prudence, les investisseurs ont montré une préférence pour des stratégies axées sur des technologies de plateforme et des développements cliniques à un stade avancé. Ce changement de cap est détaillé dans le rapport publié par Longevity.Technology, qui examine l’activité dans 25 domaines distincts de la longévité, allant des sénothérapeutiques à la reprogrammation partielle, tout en intégrant une analyse des marchés publics et privés, des tendances géographiques et des flux de capitaux. Bien qu’un optimisme prudent soit de mise, les données indiquent une transition vers une maturité opérationnelle du secteur. Le rapport souligne que les plateformes de découverte de la longévité ont attiré plus de 2,6 milliards de dollars d’investissement, indiquant une reconnaissance croissante que les avancées significatives en gérontologie dépendront non seulement de découvertes individuelles, mais aussi de l’infrastructure qui les soutient. L’année 2024 a été marquée par un regain de confiance des investisseurs et une approche de marché plus sélective et mature. Des entreprises telles que BioAge et Jupiter ont émergé sur le marché public, soulevant des questions sur ce qui constitue une introduction en bourse viable dans le secteur de la longévité. En parallèle, des approches non pharmaceutiques continuent d’attirer des capitaux, illustrant une bifurcation croissante entre les stratégies de longévité axées sur les consommateurs et celles focalisées sur les thérapies cliniques. Malgré l’augmentation des investissements, il reste un défi majeur de combler l’écart entre les flux de capitaux et la traduction clinique. Les États-Unis dominent le secteur, représentant 84% des transactions, tandis que l’Europe et l’Asie, bien que présentent des innovations, restent en position secondaire. Le rapport conclut que le secteur de la longévité, bien que toujours en phase de maturation, construit progressivement les fondations nécessaires pour une échelle future, avec des questions de normalisation, de remboursement et de clarté réglementaire qui façonneront le parcours à venir. Source : https://longevity.technology/news/longevity-investment-more-than-doubles-as-sector-shifts-focus/

Les cellules sénescentes : Cibles prometteuses pour les interventions anti-âge

Les cellules sénescentes sont des cellules qui cessent de se répliquer et commencent à sécréter un mélange puissant de facteurs de croissance et de signaux inflammatoires. Dans la jeunesse, ces cellules sont rapidement éliminées par le système immunitaire ou par des mécanismes de mort cellulaire programmée. Elles se forment continuellement à mesure que les cellules atteignent la limite de Hayflick, mais aussi en réponse à des dommages à l’ADN ou à des blessures. Leur présence temporaire est utile pour attirer l’attention du système immunitaire, coordonnant la régénération et l’élimination des cellules endommagées. Malheureusement, avec l’âge, le système immunitaire perd son efficacité à éliminer ces cellules, entraînant une accumulation de cellules sénescentes. Les signaux inflammatoires qu’elles émettent deviennent alors nuisibles et contribuent à la dégénérescence liée à l’âge. Des études sur des souris ont montré que l’élimination ciblée des cellules sénescentes peut conduire à un renouvellement significatif. Les médicaments sénothérapeutiques visent ces cellules, notamment les sénolytiques, qui exploitent des caractéristiques biochimiques spécifiques pour les détruire tout en minimisant les dommages aux cellules normales. D’autres stratégies incluent l’inhibition de l’entrée dans l’état sénescent, la suppression des signaux des cellules sénescentes et l’amélioration de la capacité du système immunitaire à les éliminer. Les auteurs d’un article récent suggèrent que toute thérapie qui favorise l’autophagie peut être considérée comme sénothérapeutique. Ils souhaitent voir des résultats de rajeunissement plus rapides et plus profonds grâce à des recherches améliorées sur les sénolytiques. Le développement de médicaments ciblant les cellules sénescentes est prometteur. Bien que certains médicaments aient déjà été identifiés comme candidats, leur sécurité doit encore être validée. Des traitements immunothérapeutiques offrent une approche plus ciblée, mais la représentativité des antigènes identifiés reste à prouver. Par ailleurs, bien que l’élimination des cellules sénescentes puisse avoir des effets bénéfiques, il est également important de reconnaître leur rôle dans des processus tels que la régénération tissulaire. Des études suggèrent que la reprogrammation épigénétique pourrait offrir une alternative pour inverser l’âge des cellules sénescentes. À ce jour, plusieurs sénothérapeutiques ont progressé dans les essais cliniques, mais des études supplémentaires sont nécessaires pour évaluer leur efficacité à long terme dans le traitement des maladies liées à l’âge. Malgré les défis, l’avenir des sénothérapeutiques semble prometteur, avec un potentiel d’amélioration de la longévité humaine. Source : https://www.fightaging.org/archives/2025/04/a-review-of-targeting-senescent-cells-to-treat-age-related-conditions/

Cataractes et sénescence cellulaire : vers de nouvelles thérapies

La formation de cataractes liée à l’âge dans le cristallin de l’œil est une cause majeure de cécité. Cette opacité croissante du cristallin semble être largement influencée par un fardeau croissant de sénescence cellulaire dans les cellules du cristallin. Les thérapies sénolytiques, qui visent à éliminer les cellules sénescentes, pourraient potentiellement réduire le besoin de chirurgie et le développement de thérapies cellulaires et de lentilles de remplacement à partir de tissus cultivés. Cependant, il est à noter que les cataractes ne figurent pas parmi les principales priorités pour lesquelles ces traitements pourraient avoir un effet bénéfique. Actuellement, il n’est pas clair si des groupes travaillent sur des essais cliniques de sénolytiques pour les patients à risque de formation de cataractes.

La sénescence cellulaire joue un rôle à double tranchant dans la santé et la maladie, en agissant à la fois comme un gardien contre la prolifération incontrôlée et comme un moteur des pathologies liées à l’âge, y compris la formation de cataractes. L’interaction complexe entre le stress oxydatif, la dysfonction mitochondriale et l’inflammation chronique souligne la complexité de la sénescence dans les cellules épithéliales du cristallin (LECs), qui sont essentielles au maintien de la transparence du cristallin et particulièrement vulnérables au stress oxydatif.

La sénescence progressive des LECs représente un facteur critique dans la cataractogenèse liée à l’âge. Les avancées dans les sénothérapeutiques pourraient offrir des stratégies prometteuses pour atténuer la sénescence des LECs, soit par l’élimination des cellules sénescentes grâce aux sénolytiques, soit par la modulation des effets nocifs du phénotype sécrétoire associé à la sénescence (SASP) à l’aide de sénomorphiques. Des composés naturels tels que le fisétin, la lutéoline, et la metformine, ainsi que des thérapies innovantes comme le FOXO4-DRI et l’édition génique, mettent en lumière le potentiel croissant des interventions ciblées pour retarder la progression des cataractes.

Les recherches futures sur la sénescence cellulaire dans la formation de cataractes pourraient révéler de nouvelles stratégies thérapeutiques visant à retarder ou à prévenir l’opacité du cristallin. Une compréhension approfondie des moteurs moléculaires de la sénescence des LECs, en particulier le rôle du stress oxydatif, de la dysfonction mitochondriale, et de l’agrégation des protéines, sera essentielle pour développer des interventions ciblées. L’exploration de l’interaction entre les facteurs SASP et les changements dans le microenvironnement du cristallin pourrait fournir des informations sur la façon dont l’inflammation chronique accélère la progression des cataractes. La recherche sur la sénescence pourrait ouvrir la voie à des traitements innovants qui préservent la transparence du cristallin et préviennent les cataractes liées à l’âge. Source : https://www.fightaging.org/archives/2025/03/senescent-cells-in-the-aging-of-the-lens-of-the-eye/