Étiquette : multimorbidité

Appel de la Leopoldina : Intégration de la géroscience dans le système de santé national

La National Academy of Sciences Leopoldina en Allemagne a publié un document de politique détaillé qui appelle à un changement fondamental dans la recherche et la pratique médicale, en reconnaissant le vieillissement non seulement comme un contexte de maladies, mais comme le facteur central modifiable qui conduit à la plupart des maladies chroniques. Le texte présente le vieillissement comme un impératif scientifique et sociétal, suggérant que les systèmes de santé doivent être redessinés autour de la biologie du vieillissement, avec la médecine géronologique jouant un rôle prépondérant dans la gestion des multimorbidités croissantes chez les personnes âgées. Ce document, intitulé « Health-Extending Medicine in an Aging Society – Prospects for Medical Research and Practice », rassemble les avis de treize chercheurs et cliniciens de premier plan et recommande une série de réformes, telles que la création de biobanques nationales, la validation de biomarqueurs du vieillissement, et un effort coordonné pour traduire la recherche sur les mécanismes du vieillissement en interventions sûres et évolutives. Ces propositions répondent à un défi imminent, car d’ici 2035, un adulte sur trois en Allemagne aura plus de 65 ans, et plus de la moitié de cette population souffrira déjà de plusieurs conditions chroniques. Le rapport souligne l’urgence de traiter le vieillissement comme un domaine de recherche essentiel et non comme un sujet marginal. Cela signale un changement de paradigme, où la médecine géronologique, la prévention des maladies liés à l’âge en ciblant le vieillissement lui-même, est mise au centre des préoccupations politiques d’une grande économie. Les auteurs affirment que traiter le vieillissement est la seule réponse viable à la crise socio-économique imminente de la multimorbidité, apportant une autorité scientifique à ce qui était souvent considéré comme spéculatif. Ils plaident en faveur d’essais cliniques, d’intégration de biomarqueurs et d’infrastructures nationales sur une échelle comparable à celle mobilisée durant la pandémie, mais cette fois-ci pour la prévention des maladies chroniques à travers la géroscience. Ils appellent également à soutenir la réutilisation de médicaments déjà approuvés, à réformer les cadres réglementaires et à former les cliniciens à la médecine géronologique. Le document met en avant la nécessité de réallouer les priorités médicales de la simple traitement des maladies vers la maintenance de la santé et la résilience biologique. Il souligne également le potentiel des outils pharmacologiques existants et appelle à une infrastructure de données longitudinales robuste pour intégrer ces outils dans la pratique clinique. En conclusion, la publication de ce rapport positionne l’Allemagne comme un leader potentiel dans la recherche sur le vieillissement, avec des propositions concrètes visant à transformer la médecine et à encourager une culture de soins préventifs et basés sur la résilience. Source : https://longevity.technology/news/germany-calls-for-medicine-to-treat-aging-not-just-disease/

Révolutionner les Soins de Santé par la Biologie du Vieillissement

L’approche actuelle du vieillissement dans la communauté médicale ressemble à une tentative désespérée de contrecarrer le flux inévitable de la vie. Les maladies majeures liées à l’âge demeurent pour la plupart irréversibles pour l’individu moyen, et leur progression ne peut être que modérément ralentie. Pour espérer inverser ces conditions, il est nécessaire de réparer les dommages cellulaires et tissulaires accumulés, ce qui pourrait être réalisé grâce aux thérapies de rajeunissement. Cependant, le développement de ces thérapies est très lent. Bien que l’élimination des cellules sénescentes semble prometteuse, il faudra encore des années avant d’obtenir des données humaines à grande échelle sur les approches sénolytiques. L’auteur de ce commentaire plaide pour un bouleversement majeur dans la manière dont la communauté clinique aborde le vieillissement et les maladies liées à l’âge. Le modèle héroïque de faire face à l’inévitable doit être abandonné au profit d’une approche plus utile. Il est essentiel que la communauté médicale oriente son attention vers des interventions plus précoces pour prévenir les maladies plutôt que d’attendre qu’elles atteignent un stade avancé. Ce changement de paradigme est déjà en cours dans le domaine des maladies cardiovasculaires, mais il représente un défi considérable pour le reste de la communauté médicale. La médecine moderne a fait des avancées remarquables dans le diagnostic et le traitement des maladies, prolongeant l’espérance de vie. Néanmoins, le modèle de soins centré sur la maladie présente des limites importantes, notamment lorsqu’il s’agit de répondre aux besoins des populations vieillissantes. En vieillissant, les personnes développent souvent des maladies chroniques multiples qui compliquent le traitement et nuisent à la qualité de vie. Une attention particulière doit être portée aux racines biologiques communes de ces maladies liées à l’âge. Les recherches récentes sur le vieillissement ont révélé des opportunités passionnantes, car ces mécanismes peuvent précéder l’apparition des maladies de plusieurs décennies. En ciblant ces processus de vieillissement avant que les maladies ne se développent pleinement, il est possible d’adopter une approche audacieuse : non seulement traiter les maladies, mais aussi les prévenir. Ce changement de focus vers une extension proactive de la durée de vie en bonne santé pourrait retarder ou même prévenir plusieurs maladies, en s’attaquant aux déclins biologiques sous-jacents. Les interventions de pointe, telles que les sénolytiques et les rapalogs, illustrent le potentiel prometteur de cibler le vieillissement lui-même. Les sénolytiques, qui éliminent sélectivement les cellules sénescentes, et les rapalogs, qui ciblent la voie mTOR, montrent des résultats prometteurs pour prolonger la durée de vie en bonne santé et améliorer la fonction immunitaire. Bien que les essais cliniques soient en cours, la route vers une application clinique généralisée reste difficile. Source : https://www.fightaging.org/archives/2025/06/healthcare-must-change-as-we-become-more-capable-of-intervening-in-aging/

Caractérisation d’une horloge protéomique du vieillissement pour prédire les résultats de santé futurs

Les échantillons de sang stockés depuis plus de 20 ans, bien caractérisés et accessibles pour analyse, sont rares. Les chercheurs utilisent une telle ressource pour caractériser une horloge protéomique du vieillissement, appelée organage, qui prédit les résultats de santé futurs. Cette horloge évalue l’âge biologique de différents organes en fonction des niveaux de protéines circulantes spécifiquement produites par chaque organe. Les résultats montrent que les personnes qui ont développé par la suite des dysfonctionnements liés à l’âge d’un organe et des maladies associées avaient tendance à afficher un âge biologique plus élevé pour cet organe à la fin des années 1990. Dans cette étude de cohorte observationnelle, les chercheurs ont recueilli des échantillons de plasma de 6235 participants d’âge moyen (45-69 ans) de l’étude de cohorte prospective Whitehall II à Londres, entre 1997 et 1999. Les écarts d’âge des neuf organes ont été déterminés à partir de protéines plasmatiques. Les participants ont ensuite été suivis pendant 20 ans grâce à un lien avec des dossiers de santé nationaux. Les résultats de l’étude ont inclus 45 maladies liées à l’âge et à la multimorbidité. Sur plus de 123 712 années-personnes d’observation (avec un suivi moyen de 19,8 ans), après exclusion des cas de maladies de base et ajustement pour l’âge, le sexe, l’ethnicité et les écarts d’âge des organes autres que celui étudié, les individus ayant de grands écarts d’âge organique ont montré un risque accru de 30 maladies. Six maladies étaient exclusivement associées au vieillissement accéléré de leur organe respectif : l’insuffisance hépatique, la cardiomyopathie dilatée, l’insuffisance cardiaque chronique, le cancer du poumon, l’agranulocytose et la métastase des nœuds lymphatiques. Vingt-quatre maladies étaient associées à plus d’un écart d’âge organique ou à des écarts d’âge organiques non directement liés à l’emplacement de la maladie. De plus, des écarts d’âge plus importants étaient également liés à des rapports de risque (HR) élevés de développement de deux maladies ou plus affectant différents organes chez le même individu (c’est-à-dire la multimorbidité multiorgane). Les HR variaient pour des écarts d’âge spécifiques : 2,03 pour l’écart d’âge artériel, 1,78 pour l’écart d’âge rénal, 1,52 pour l’écart d’âge cardiaque, et ainsi de suite pour d’autres organes. Source : https://www.fightaging.org/archives/2025/03/applying-the-organage-proteomic-clock-to-old-blood-samples-to-assess-predictive-ability/