La paroi intestinale vieillissante présente une altération de la barrière muqueuse, entraînant une fuite de microbes des intestins vers les tissus et le système circulatoire. Ce phénomène est reconnu pour provoquer une inflammation chronique, qui perturbe la fonction tissulaire et contribue à l’apparition et à la progression des maladies liées à l’âge. Les chercheurs ont identifié un mécanisme spécifique par lequel les microbes intestinaux peuvent inciter le système immunitaire à adopter une réponse inflammatoire maladaptative. Bien que la suppression de cette réponse puisse sembler moins souhaitable que la prévention de la dysfonction de la barrière intestinale, elle demeure l’approche dominante pour traiter les conditions inflammatoires, malgré ses effets secondaires potentiellement néfastes.
Une étude récente a montré qu’une augmentation de la perméabilité intestinale permet aux bactéries intestinales naturelles de traverser la barrière intestinale et d’atteindre la moelle osseuse, où elles induisent des changements épigénétiques dans les cellules souches qui donnent naissance aux cellules immunitaires. Ces changements épigénétiques, induits par les bactéries intestinales transloquées, génèrent des ‘cellules immunitaires entraînées’ qui sont prêtes à répondre plus efficacement aux infections futures. Toutefois, cette même capacité à amplifier la réponse immunitaire peut également aggraver les conditions inflammatoires telles que les maladies cardiovasculaires et neurodégénératives.
Jusqu’à récemment, les scientifiques croyaient que l’immunité adaptative était le seul type à posséder une mémoire, capable de générer des cellules qui ‘se souviennent’ des rencontres précédentes avec des pathogènes et de déclencher une réponse immunitaire spécifique. En revanche, on pensait que la réponse immunitaire innée, qui n’est pas spécifique à un pathogène particulier, manquait de mémoire. Nous savons maintenant que l’immunité innée peut être ‘entraînée’ pour produire une réponse plus forte à des infections ultérieures, même non liées. De plus, les effets de cet entraînement sont durables. La principale bactérie intestinale que l’on trouve dans la moelle osseuse est Enterococcus faecalis. Ces bactéries interagissent avec le récepteur de reconnaissance de motifs Mincle dans les précurseurs hématopoïétiques, induisant des changements épigénétiques qui génèrent des cellules immunitaires avec une capacité inflammatoire augmentée.
Dans des modèles animaux, une perméabilité intestinale accrue provoque une inflammation colique (colite). Cette réaction inflammatoire ne se produit pas chez des souris génétiquement modifiées pour ne pas avoir de Mincle, suggérant que la détection des bactéries transloquées par Mincle joue un rôle important dans l’inflammation associée à l’immunité entraînée. Des stratégies visant à bloquer Mincle pourraient donc offrir une protection dans le contexte de ces maladies inflammatoires systémiques. Source : https://www.fightaging.org/archives/2025/01/mincle-provokes-inflammation-in-response-to-microbes-leaking-from-the-aged-intestine/