Inflammation chronique non résolue est une caractéristique du vieillissement. Elle provient d’un ensemble varié de causes, notamment la présence croissante de cellules sénescentes, un excès de tissu adipeux viscéral chez les personnes en surpoids, et la mauvaise localisation de l’ADN mitochondrial qui déclenche des réponses évoluées pour détecter les bactéries. Le résultat final est un signal inflammatoire perturbateur qui modifie le comportement cellulaire pour le pire, endommage la structure et la fonction des tissus, et accélère l’apparition et la progression de toutes les maladies liées à l’âge courantes. Les chercheurs proposent que le problème soit plutôt un manque de signalisation anti-inflammatoire que trop de signalisation inflammatoire. Les réactions maladaptées aux dommages liés à l’âge peuvent-elles être efficacement atténuées sans supprimer également la signalisation immunitaire nécessaire ? La suppression immunitaire reste un effet secondaire malheureux des stratégies anti-inflammatoires développées à ce jour.
L’inflammation aiguë est déclenchée par des médiateurs lipidiques et protéiques en défense de l’hôte suite à une blessure stérile ou induite par des pathogènes. On dit souvent que l’inflammation chronique est le résultat d’une résolution incomplète de l’inflammation aiguë et est à l’origine de toutes les maladies chroniques, y compris le cancer. Cependant, les médiateurs qui participent à l’inflammation sont également essentiels à l’homéostasie et à la biologie du développement sans causer les symptômes cliniques de l’inflammation. Cette activité physiologique non inflammatoire des médiateurs dits « inflammatoires », apparemment en équilibre fonctionnel avec les médiateurs anti-inflammatoires, est définie comme une unalamation. L’inflammation en l’absence de blessure est le résultat de la perturbation de l’unalamation due à une diminution des médiateurs anti-inflammatoires plutôt qu’à une augmentation des médiateurs inflammatoires et conduit à l’inflammation chronique.
Ce concept sur l’étiologie de l’inflammation chronique suggère que le traitement des maladies chroniques est mieux réalisé en stimulant les médiateurs anti-inflammatoires endogènes plutôt qu’en inhibant la biosynthèse des médiateurs « inflammatoires » avec des médicaments anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS). De plus, les médiateurs « inflammatoires » et anti-inflammatoires sont présents à des concentrations plus élevées dans le microenvironnement tumoral par rapport aux environnements tissulaires normaux. Étant donné que le cancer est un trouble prolifératif plutôt qu’une maladie dégénérative, il est proposé que l’unalamation accrue, plutôt que l’inflammation chronique, stimule la croissance tumorale. Cette compréhension aide à expliquer l’inefficacité des AINS en tant qu’agents anticancéreux. Enfin, l’inhibition de la biosynthèse des médiateurs anti-inflammatoires dans les tissus tumoraux pourrait déséquilibrer l’unalamation en faveur d’une inflammation aiguë locale déclenchant une réponse immunitaire pour restaurer l’homéostasie et s’éloigner de la croissance tumorale.
En conclusion, les perspectives thérapeutiques pour le traitement des maladies liées à l’inflammation pourraient être mieux abordées en stimulant les médiateurs anti-inflammatoires endogènes plutôt qu’en inhibant les médiateurs inflammatoires.
Source:https://www.fightaging.org/archives/2024/12/suggesting-that-upregulation-of-anti-inflammatory-signaling-is-the-best-approach-to-age-related-chronic-inflammation/