Les données animales et humaines montrent clairement que les différences dans le microbiote intestinal entre les individus peuvent contribuer aux variations de rythme de vieillissement. Des changements liés à l’âge dans les proportions relatives des espèces microbiennes constituant le microbiote intestinal peuvent accélérer le vieillissement dégénératif, en raison de la perte de production de métabolites bénéfiques et de l’augmentation de l’inflammation chronique, entre autres mécanismes. La transplantation fécale de microbiote intestinal de jeunes donneurs à des individus âgés produit une rejuvénation durable du microbiote intestinal qui améliore la santé et prolonge la vie.
Une analyse simple des données épidémiologiques humaines ne peut produire que des corrélations entre les mesures de santé et les résultats tels que la mortalité et le risque de maladie. La randomisation mendélienne est un moyen d’ajouter les influences génétiques connues sur la santé dans le mélange afin de générer un certain soutien à la causalité à partir des données épidémiologiques. Dans l’article d’aujourd’hui en accès libre, les chercheurs appliquent cette stratégie aux corrélations entre la composition du microbiote intestinal et la longévité dans des populations d’étude humaines importantes. Les preuves suggèrent que les différences dans le microbiote intestinal influent sur la santé à long terme et l’espérance de vie, comme on pourrait s’y attendre des études d’intervention plus directes menées sur des animaux.
Les analyses de randomisation mendélienne soutiennent des relations causales entre le microbiote intestinal et la longévité.
Le microbiote intestinal joue un rôle significatif dans la longévité, et la dysbiose est en effet l’une des caractéristiques du vieillissement. Cependant, la relation causale entre le microbiote intestinal et la longévité ou le vieillissement humain reste évasive. Notre étude a évalué les relations causales entre le microbiote intestinal et la longévité en utilisant la Randomisation Mendélienne (MR). Les statistiques sommaires pour le microbiote intestinal ont été obtenues à partir de quatre méta-analyses d’études d’association pangénomique (GWAS) du consortium MiBioGen (N = 18 340), du Projet Microbiote Néerlandais (N = 7738), d’individus allemands (N = 8956) et d’individus finlandais (N = 5959). Les statistiques sommaires pour la longévité ont été obtenues à partir de cinq méta-analyses GWAS, notamment Human healthspan (N = 300 447), Longévité (N = 36 745), Durées de vie (N = 1 012 240), Longévité parentale (N = 389 166), et Fragilité (l’une des principales caractéristiques physiologiques liées au vieillissement, N = 175 226).
Nos résultats révèlent plusieurs associations remarquables, notamment une corrélation négative entre Bacteroides massiliensis et la longévité, tandis que le genre Subdoligranulum et Alistipes, ainsi que les espèces Alistipes senegalensis et Alistipes shahii, ont présenté des associations positives avec des traits de longévité spécifiques. De plus, la voie métabolique microbiologique de la biosynthèse de la coenzyme A, de la fermentation du pyruvate en acétate et en lactate II et de la voie de la pentose phosphate ont présenté des associations positives avec deux traits ou plus liés à la longévité. En revanche, la voie du cycle de l’acide citrique (helicobacter) a systématiquement démontré une corrélation négative avec la durée de vie et la longévité parentale. Les résultats de cette étude de MR ont indiqué de nombreuses associations significatives entre le microbiote intestinal et la longévité. Ces taxons microbiens et voies métaboliques pourraient potentiellement jouer un rôle protecteur dans la promotion de la longévité ou avoir un effet suppressif sur la durée de vie.
Conclusion : Les perspectives thérapeutiques futures pourraient inclure la modulation du microbiote intestinal pour favoriser la longévité et la santé à long terme.