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Découverte d’un nouveau médicament anti-obésité : SANA et ses effets sur la thermogenèse

La désaccouplement mitochondrial est un processus par lequel les mitochondries des cellules passent de la production de l’adénosine triphosphate (ATP), une molécule de stockage d’énergie chimique, à la libération de cette énergie sous forme de chaleur. Ce phénomène suscite un intérêt particulier dans le contexte du vieillissement, car une régulation à la hausse du désaccouplement mitochondrial semble ralentir le vieillissement dans des études animales. En outre, cette régulation prolongée produit une réduction des tissus adipeux et une perte de poids, ce qui attire davantage l’attention des humains, surtout à l’heure où les médicaments pour la perte de poids représentent une source de revenus importante pour les grandes entreprises pharmaceutiques.

Historiquement, les chercheurs ont rencontré des difficultés à développer des médicaments de désaccouplement mitochondrial qui ne provoquent pas de surchauffe mortelle lorsqu’ils sont pris à des doses élevées. L’un des premiers médicaments de ce type, le 2,4-dinitrophénol (DNP), a été largement utilisé au début du XXe siècle. Bien qu’il existe peu de documentation sur les décès accidentels dus à son utilisation, il est possible de prendre une dose fatale de DNP et de mourir d’hyperthermie sans signes immédiats d’overdose. Tout médicament qui régule directement le désaccouplement de la même manière est susceptible d’avoir des caractéristiques similaires.

Les chercheurs d’aujourd’hui affirment avoir découvert une approche sûre qui contourne le mécanisme utilisé par les méthodes précédentes pour réguler le désaccouplement, ce qui signifie influencer l’activité de la protéine de désaccouplement 1 (UCP1). Dans cette approche, UCP1 n’est pas impliquée dans le passage de la production d’ATP à la thermogenèse, et l’effet se produit uniquement dans les cellules adipeuses, et non dans tout le corps. Compte tenu des biais actuels en matière de financement et d’intérêt, les chercheurs présentent bien sûr cela comme une stratégie pour perdre du poids, mais cela pourrait également être intéressant dans le contexte du vieillissement.

Le médicament expérimental, actuellement appelé SANA (abréviation de salicylate-nitroalkène), est un dérivé du salicylate, un composé chimique possédant des propriétés analgésiques et anti-inflammatoires, que l’on trouve naturellement dans les plantes et qui est utilisé pour produire des médicaments comme l’aspirine. Les chercheurs ont d’abord cherché à développer un médicament anti-inflammatoire et ont testé plusieurs modifications chimiques de la molécule de salicylate. Au lieu de protéger contre l’inflammation, la molécule synthétisée protège contre l’obésité induite par le régime alimentaire.

Deux modèles différents ont été utilisés pour tester cet effet sur des animaux. Dans le premier modèle, SANA a été administré à des souris avec un régime riche en graisses, empêchant toute prise de poids, tandis que le groupe témoin a pris entre 40 % et 50 % de leur poids corporel au cours de huit semaines. Dans le second modèle, le traitement a commencé après que les animaux étaient obèses. Après trois semaines, les souris avaient perdu 20 % de leur masse corporelle, avec une réduction de la glycémie, une amélioration de la sensibilité à l’insuline et une diminution de la graisse accumulée dans le foie.

Les expériences ont montré que SANA cible spécifiquement le tissu adipeux, activant la thermogenèse par un mécanisme non conventionnel. Il peut donc être considéré comme le premier d’une nouvelle classe de médicaments anti-obésité. Il n’affecte pas le système nerveux central ou le système digestif, ni l’appétit. La thermogenèse est généralement médiée par une protéine appelée UCP1, activée dans certaines situations, comme l’exposition au froid. Cependant, SANA entraîne les adipocytes à utiliser la créatine, un composé formé par trois acides aminés, comme source d’énergie pour produire de la chaleur sans impliquer la protéine UCP1.

Les chercheurs affirment que l’impact observé sur la température corporelle est faible et ne présente pas de risque significatif pour la santé. Contrairement aux agents thermogéniques plus anciens, SANA agit uniquement sur les mitochondries du tissu adipeux, sans surcharger le système cardiovasculaire.

Enfin, une étude clinique randomisée, en double aveugle et contrôlée par placebo a été réalisée, comprenant deux parties avec quatre bras. SANA a montré une bonne sécurité et tolérabilité, tout en ayant des effets bénéfiques sur le poids corporel et la gestion du glucose dans les deux semaines suivant le traitement. Source : https://www.fightaging.org/archives/2025/07/a-novel-approach-to-thermogenesis-without-involving-uncoupling-protein-1/